Mission Critical Matching Communications
En 2014, la Commission Européenne* a publié une étude, élaborée à sa demande par le cabinet britannique SCF Associates, intitulée: « Is Commercial Cellular Suitable for Mission Critical Broadband? ». Ce sujet préoccupe nombre d’Etats (dont la France, l’Allemagne et les Etats-Unis entre autres) depuis quelques années, qui sont tous utilisateurs de réseaux dédiés aux communications critiques de type Tetra ou Tetrapol. La nécessité de passer à une large bande de communication pour
intégrer de nouvelles fonctionnalités au-delà de la Voix (image, vidéo, échange de données) a amené les constructeurs à se pencher sur les possibilités du standard LTE. Tout naturellement, la question s’est posée du niveau d’investissement de ces réseaux et la comparaison avec les réseaux commerciaux (3G / 4G) des opérateurs a mis en évidence des différences de coûts d’usage considérables au détriment des réseaux dédiés actuels. C’est ce qui a amené la Grande-Bretagne a choisir de s’en remettre au réseau d’un opérateur privé de télécoms pour moderniser et gérer son système de communications critiques, utilisé par la police et les services d’urgence. Les discussions ne sont pas finies avec l’opérateur (aidé d’un grand constructeur informatique) pour que cette solution soit opérationnelle ; lorsqu’elle le sera, nous pourrons en tirer des enseignements. Il n’empêche que bon nombre d’Etats ne partagent pas cette vision uniquement basée sur les coûts car un réseau de communications critiques doit, comme le dit le rapport cité plus haut, être robuste, fiable et permettre une couverture à 99% du territoire considéré, y compris dans les tunnels, les parkings et autres espaces publics fermés. La différence de coût entre un réseau dédié aux PMR et un réseau commercial est évaluée à -40%. Il est évident que cette différence peut faire réfléchir et, de leur coté, les grands constructeurs de radiocommunications critiques travaillent à réduire cet écart en intégrant la LTE. Actuellement ces systèmes sont utilisés par les services de protection civile ou de secours des Etats et par les services publics (Police entre autres). Demain, avec la 5G, les concepts de « smart cities » vont amener ces systèmes à gérer des communications de transports intelligents, routiers ou ferroviaires. La voiture sans conducteur, automatique et guidée, qui commence à faire son apparition sera consommatrice de large bande passante (1Gb par seconde), du fait du très grand flux de données qu’elle va émettre et recevoir. En montant dans un véhicule sans conducteur, nous mettrons notre vie entre les mains du robot qui le conduit, des capteurs qui le guident, des flux de données qui remontent vers le serveur de commande central et de la ferme de serveurs qui gérera tout cela. Si, comme les Australiens en ont fait la douloureuse expérience en 2009 et les habitants du Tennessee en Août 2015, le réseau, qui couvre tout ce qui permet au véhicule d’avancer en sécurité, tombe, que se passera-t-il alors ? Pourquoi le véhicule s’arrêterait-il, sans emboutir à 120 km/h celui de devant, être percuté par celui de derrière ou par celui arrivant d’une autre rue ? Est-ce que la vie humaine mérite une approche simplement mercantile ou bien les réseaux, qui géreront les « smart cities », devront-ils être aussi robustes et fiables que les services de PMR actuels ? Voilà bien des questions auxquels les responsables des Etats devront répondre…